Dans cet article, je souhaiterais vous partager mon expérience d’indépendant et de jeune père de famille. Dans les deux situations, nous sommes confrontés quotidiennement à des situations inédites et apprenons énormément de nouvelles choses, souvent sur le tas. Cela a été évidemment le cas pour moi aussi.
Si notre vécu de parent est souvent assez singulier, ce n’est pas le cas en ce qui concerne notre quotidien de travailleur indépendant, où nous sommes soumis aux mêmes règles, et vivons beaucoup de choses similaires. On peut donc légitimement se demander si ce choix de vie professionnelle est compatible avec cette nouvelle situation familiale ? Existe-t-il, à l’instar des salariés, des dispositifs ou des aides spécifiques à ce statut ?
Il existe effectivement quelques aides et optimisations spécifiques à la famille et à la parentalité, qui nous permettent d’économiser de l’argent assez facilement. Aucun des cabinets comptable avec qui j’ai pu travailler ne m’avait parlé de ces spécificités. Je les ai donc connues soit par curiosité, soit par hasard.
Après quelques discussions avec des confrères, je me suis rendu compte que mon cas n’était pas isolé, et que cela pouvait être intéressant de partager ces informations.
Congé parental
Peut-être que comme moi, vous avez choisi cette vie d’indépendant pour avoir plus de flexibilité dans votre travail et trouver un meilleur équilibre entre votre vie professionnelle et personnelle.
J’ai eu le bonheur d’avoir un enfant en 2017, et en concertation avec la maman, j’ai décidé de poser un congé parental pour une durée indéterminée (qui a finalement duré 2 mois). Le but pour moi était de profiter de ces instants uniques dans une vie, mais aussi d’accompagner mon épouse dans cette découverte de la parentalité qui est non seulement difficile, mais qui, à mon sens, doit se partager a deux. La présence du papa est réellement importante tant pour le soutien moral, que pour les tâches quotidiennes qui deviennent de plus en plus nombreuses avec des enfants.
C’est à ce moment-là que mon statut de freelance a pris tout son sens. Dans un pays encore en retard sur les législations liées au congé paternité pour les salariés, il permet une réelle souplesse dans la gestion de notre temps, malgré la contrepartie financière non négligeable liée aux absences sans solde.
Même si on est en droit de se dire que l’aspect pécuniaire passe au second plan, il est tout de même judicieux d’anticiper cette pause pour atténuer la perte de revenus qui se répercutera forcément sur votre foyer et votre quotidien.
Combien de temps consacrer pour ce congé ? Quel chiffre d’affaires viser pour garder un certain confort financier ? Est-il nécessaire de chercher une nouvelle mission en avance ? Ce sera à vous de le déterminer, en élaborant un emploi du temps sur-mesure. Le reste ne sera qu’une formalité, car il est généralement assez aisé de suspendre son activité, même pour une durée prolongée, en s’arrangeant avec ses clients.
Toute cette flexibilité fait la force de notre statut, malgré ce côté à double tranchant qui nécessite un peu d’anticipation de notre part. En outre, Il existe quelques aides et optimisations intéressantes relativement méconnues que je vais détailler ci-dessous.
Prime de paternité
Cet article étant uniquement basé sur mon vécu, et ne voulant pas parler de choses que je ne connais pas, je ne vais malheureusement pas parler des droits concernant la maternité. Je vais me focaliser uniquement sur ce que j’ai pu expérimenter personnellement : La prime de paternité
.
Avec un statut d’indépendant, le RSI (désormais intégré au régime général de la sécurité sociale) propose une indemnité forfaitaire pour tout père voulant s’absenter dans le cadre de la naissance d’un enfant (en 2020, 56,35 € par jour
sur un maximum de 11 jours
, donc au mieux 620 €
). Cette indemnité compensera sans doute assez peu la perte financière liée a ce congé sans solde, mais cela reste toujours bon à prendre. Il suffit juste de faire valoir ce droit dans les 4 mois qui suivent la naissance de l’enfant en envoyant un formulaire et des pièces justificatives à votre caisse d’assurance maladie.
Sources officielles:
Chèques CESU
Comme la plupart des parents, vous aurez besoin de faire garder votre enfant. Lorsque vous devrez choisir une assistante maternelle agréée ou une crèche, vous aurez la possibilité, si celle-ci accepte, de payer en chèque CESU préfinancé.
L’avantage pour un indépendant, c’est que ces chèques pourront être achetés par la société. Jusqu’à un certain seuil (1830 €
par personne et par an en 2020), cela peut s’avérer très intéressant.
Pour la société :
- Le montant des chèques n’est pas soumis aux cotisations sociales (contrairement à de la rémunération)
- L’achat des chèques est deductible du résultat (que ce soit en BNC ou en société)
- Et surtout, cela donne droit a un credit d’impôt de 25 % : Le credit d’impôt famille
En revanche, le vendeur vous facturera des frais (autour de 100 € HT)
Pour vous :
- Le montant des chèques compte comme un avantage en nature et non une rémunération. Ils ne seront pas soumis à l’impôt sur le revenu.
Cependant, ce montant ne sera pas inclus dans le calcul du crédit d’impôt garde d’enfant. Mais cela vaut quand même largement le coup.
Par rapport à de la rémunération, l’économie totale en taxes que vous allez réaliser sur ces 1830 € va dépendre de plusieurs facteurs (taux de cotisations, taux marginal d’imposition, etc.) mais pourra facilement dépasser 1000€
, ce qui est très intéressant.
De plus, vous pourrez bénéficier de cet avantage pour chaque nouvelle année civile. Par exemple, pendant 3 ans pour un enfant (jusqu’à l’entrée en maternelle). Vous pouvez également acheter des CESU dès lors que vous avez besoin de prestations de services à la personne
Un dernier conseil : Pour maximiser les chances de convaincre votre assistante maternelle d’accepter ce mode de paiement, il vaut mieux acheter des CESU dématérialisés
.
Cela lui évitera de payer des frais supplémentaires ou de devoir encaisser elle-même les chèques physiques.
Sources officielles:
Mutuelle
Cela ne se sait pas toujours, mais un travailleur indépendant a le droit de souscrire a une mutuelle
et d’en faire bénéficier son conjoint et ses enfants. Les avantages sont les suivants :
- Mutualisation des coûts (un contrat unique coute souvent moins cher que la somme des autres contrats)
- La part de cotisations du gérant (mais pas toujours celle de ses ayant-droits, cela dépend) est déductible des bénéfices (cf. la loi Madelin)
- Faire payer la société est toujours plus intéressant que de payer en tant que particulier : En effet, les sommes dépensées ne comptent pas comme de la rémunération et ne sont pas soumis a l’impôt sur le revenu (pour vous) ni aux cotisations sociales (pour la société). En effet, il faut toujours garder en tête que chaque virement de rémunération ou dividendes vers votre compte personnel sera soumis à ces fameuses taxes (qui oscillent entre 45 a 70 % selon votre situation). Vous économiserez donc potentiellement
plusieurs centaines d'euros de taxes par an
.
C’est surtout intéressant si votre conjoint n’a pas de mutuelle ou si les garanties/cotisations de sa mutuelle employeur sont moins intéressants que la vôtre. Il/elle sera alors en droit de refuser la mutuelle de son employeur et vous pourrez l’inclure dans votre contrat.
Sources:
Le mot de la fin
Se mettre à son compte, tout comme être parent est un apprentissage permanent où nous faisons de nombreuses erreurs que nous essayons de ne pas reproduire. Si j’ai pu connaître au bon moment et bénéficier pleinement de la prime de paternité
, cela n’a pas été le cas avec les chèques CESU
et la mutuelle collective
. Avec cet article, j’espère pouvoir aider des confrères à ne pas reproduire les mêmes erreurs que moi, et indirectement profiter d’autant plus de leur vie familiale !
indépendant parentalité optimisation fiscale